RDC et réseaux sociaux: quand les politiciens se règlent les comptes sur twitter

Article : RDC et réseaux sociaux: quand les politiciens se règlent les comptes sur twitter
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3 août 2017

RDC et réseaux sociaux: quand les politiciens se règlent les comptes sur twitter

Ils ne se rencontrent pas physiquement mais ils se règlent si facilement les comptes. Depuis un certain moment, de plus en plus des hommes politiques congolais sont actifs sur twitter, l’un des réseaux sociaux aux contraintes éditoriales difficiles: au plus 144 caractères.  Ils s’y sont plutôt adaptés très vite.

Publier des opinions, commenter l’actualité, alimenter les discussions avec leurs abonnements, mobiliser pour des manifestations pacifiques sont autant d’activités les plus usitées sur les comptes twitters de nos politiques.  Mais pas seulement.  Twitter est devenu pour les politiciens congolais un lieu par excellence de règlement de comptes. Si Donald Trump sait facilement s’attaquer à l’ »Obama Caire » et aux journalistes américains via ce réseau social depuis les USA, les politiques congolais aussi ne sont pas en reste.

L’homme d’affaire Sidika Dokolo-qui s’invite peu à peu dans la politique ; le président de la Commission électoral national indépendante (CENI), Corneille Nangaa ; Moise Katumbi, devenu l’un des opposants farouches au président de la RDC, Joseph Kabila ; Martin Fayulu et Felix Tshisekedi du Rassemblement de l’opposition, une plateforme opposée au pouvoir en place, Julien Paluku, gouverneur du Nord-Kivu, Vital Kamerhe de l’Union pour la nation congolaise (UNC)-un parti politique de l’opposition en RDC ; Eve Bazaiba également de l’opposition pour ne citer que cela, ne laissent aucune critique contre leurs actions passer inaperçues.   Ils trouvent dans twitter un moyen aisé, rapide, et direct de répondre aux attaques et de mobiliser leurs bases.

Nangaa répond à la Monusco sur twitter

L’annonce du report des élections prévue selon l’accord du 31 décembre en fin 2017  avait provoqué une onde de choc au sein de la classe politique congolaise. Différents leaders de l’opposition avait réagi négativement à cette annonce de la Ceni, à travers son président Corneille Nangaa. La Monusco aussi avait haussé le ton. Maman Sidikou, chef de la mission Onusienne en RDC avait appelé la Ceni à publier « sans tarder » le calendrier électoral et consensuel en vue de la tenue des élections.

Là, la réponse de Nangaa ne s’est fait pas attendre. Si Sidikou avait utilisé le communiqué de presse pour faire part de ses réclamations, le président de la CENI, lui s’est servi de son compte twitter pour répondre. D’un ton sec, il déclare : « La Monusco n’a pas mission d’organiser les élections mais plutôt le maintien de la paix en RDC. Que chacun s’atèle à sa tâche».

Et le tweet a fait le tour du réseau : 190 mentions like, 88 retweets, et 109 interactions. Plutôt un record pour un Corneille Nangaa habitué à nager dans les 3 à 5 retweets pour ses publications.

Muyambo et Kamehe aussi

Cet épisode n’est pas le seul à avoir enflammé la « twitosphère » congolaise. Pas plus tard qu’hier, une autre polémique a éclaté et fait le tour de twitter en RDC. Cette fois-ci c’est une personne derrière le barreau qui l’alimente : l’ex bâtonnier Jean-Claude Muyambo, opposant farouche au gouvernement en place. A la base de sa réaction, l’envie de Vital Kamerhe de soutenir les actions du Rassemblement, plateforme opposée à Kabila.

Depuis un certain temps, Vital Kamerhe, un des opposants congolais, président UNC, prend ses distances avec le gouvernement de « transition » issu du dialogue de tenue en 2016 sous la médiation des évêques catholiques de la Conférence épiscopale nationale du congo (Cenco).  Kamerhe veut rejoindre de nouveau le Rassemblement de l’opposition. Mais Muyambo ne l’attend pas de cette oreille. De la prison de Makala où il se trouve, il a haussé le ton : « si Kamehre réintègre le Rassemblement, moi je quitte ».

Twitter : un lieu de mobilisation pour des appels à manifestation

Ce réseau social n’est pas seulement utilisé pour se régler les comptes. Mais c’est aussi un lieu de mobilisation pour des appels à manifestation populaire. Simple et peu coûteux, twitter est devenu un de canaux les plus prisés de politiciens congolais.

Le 31 juillet dernier, des mouvements citoyens de la jeunesse avaient appelé à une journée de marche sur toute l’étendue de la RDC pour réclamer la publication du calendrier électoral. Cet appel à manifester a été relayé par les leaders de l’opposition congolaise principalement sur twitter.

La mobilisation anti-pouvoir se fait de plus en plus sur les réseaux sociaux. Les politiciens congolais de la Majorité au pouvoir et de l’opposition s’y donnent rendez-vous tous les jours. Une chose est sûre : avec les manifestations qui se profilent à l’horizon, twitter sera toujours et davantage sollicité.

Franck Ngonga

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